Saturday, June 24, 2006

CENSURE DE MONSEIGNEUR L’EVESQUE Baron & Comte de Caors.

Nicolas par la grace de Dieu, & du Saint Siege Apoftolique, Evéque, Baron, & Comte de Caors, Confeiller du Roy en tous fes Confeils, Au Clergé, é au peuple de nôtre Diocefe, Salut & Benediction en Nôtre Seigneur Jésus-Christ. Lorsque Nous avoins fujet de croire que la Bendiction qu’il avoit pleu à Dieu de donner à la Lettre Paftorale que nôtre tres dinge Predeceffeur avoit faites touchant l’Usure, é aux foins que Nous avons pris dépuis que Nous luy avons fuccedé d’infpirer à nos Diocefains les mémes vritez, avoit réduit ce vice à une telle extremité dans notre Diocefe, qu’il n’y étoit prefque plus craindre, il y a paru un nouveau Livre intitulé De Usu licito pecunia, etc. qui femble n’avoir eté mis au jour que pour obfcurcir ces veritez dans l’esprit des Chrétiens, & rappeller en celuy de nos Diocefains les perniciefes maximes que cette lettre en avoit bannies, & leur redonner de la vieurur en ceux qui les retenoient encore, & où elles n’étoint plus que languiffantes. Et comme s’il n’eût pa fuffi de les expofer en Latin à la vüe des prefonnes doctes, qui font capables d’en découvrir la fauffeté, & fe garder deal furprife, l’on en a voulu faire à même tems un traduction en François, afinque la feduction peut etres plus generales, & qu’il n’y eut personnes à qui le poifon ne fut prefenté. C’eft ce quie a obligé l’Archiprétre, & les Curez de nôtre Ville de Caors dont la vigilence a preveu le danger mortel, ou ce Livre jettoit leurs paroiffiens, de Nous Prefenter Requête, afin de les en preferver par l’authorité de noftre jugement. Pour fatisfaire à une demende fi juste, & à l’obligation que nous avons de maintenir la pureté de la Doctrine & morale Chrétienne, & de refifeter à ce qui pourroit la corrompre. Nous avons on faulement leur & examiné ce livre avec foin & attention, mais l’avons encore fait examiner par les profeffeurs en Theologie de l’Université de noftre-dite Ville de Caors, dont Nous avons voulu prendre l’âvis & pares avoir invoque l’affiftance du Saint Efprit que nous ly avons fouvent demandée à cete effet dans nos prières, & dans nos facrifices, Nous avoans par l’authorité que Nostre Sauveur Jesus Christ Nous a donné condamnée, & condamnons ce Livre intitulê De usu licito pecunia Diffetatio Theologica, avec la traduction qui en a efté faire comme contenant diverses propofitions respectivment fauffes, fcandaleufes, temeraires, contraires à la tradition de l’Eglife, & à la Doctrine des Sains Peres, & induifantes à Usure, quie l’Autheur tâche de cacher foûs des termes nouveaux & persuader par une Philofophie tompeufe, & par de vains faifonnemens : Avons fait, & faisons tres expreffes defense fous peine d’Excommunication à tous ceux que Dieu à foumis à notre juridiction de livre ce Livre en quelque Langue qu’il foit, de la retenir, acheter, vendre ou débter, & à tous Archiprêtres, Curez, Vicaires, Confeffeurs, & Prédicateurs, fois Seculiers ou Reguliers de s’en fernir pour la conduite des ames ou d’en foutenir & prêcher la Doctrine. Et afin que perfonne ne l’ignore ; Nous Ordonnons que ces prefentes feront leües & publiées aux Prônes des Meffes Paroiffialles, dans toutes les Eglifes de noftre Diocefe, & envoyées aux Mafons Religieuses, à la diligence de noftre Promoteur. Donné à Caors dans noftre Palais Epifcopal le vingt-deuxième jour d’Avril Mil fix cens foixtante-quatorze.
NICOLA Ev. De Caors.
Du Mandement du Monfeigneur.FORNELLY ;