Biographie par le R. P. Nicéron
Emanuel Maignan naquit à Toulouse le 17 juillet 1601. de Pierre Maignan, Référendaire, & Doyen de la Chancellerie de cette vielle, & de Gaudiose de Alvarez fille d’Emanuel de Alvarez, Portugais, Professeur Royal en Médecin dans l’Université de Toulouse.
Après avoir fait ses études d’Humanités dans le Collège des Jésuites, il entre dans l’Ordre des Minimes, où il fit profession en 1619 âgé de 18 ans.
Il étudia ensuite en Philosophie sous un Maître très attaché à la doctrine d’Aristote : mais il ne se laissa point entraîner à son autorité, qui régnait alors souverainement dans les Ecoles, & il ne perdait aucune occasion de disputer vivement contre tout ce qui lui paraissait de faux ou de douteux dans Physique de cet ancien philosophe.
Cela fut pris pour un bon augure par son Professeur, qui bientôt après découvrit avec un grand étonnement, que son disciple entendait fort bien les Mathématiques, & qu il était déjà Géomètre, sans que personne lui en eut fait des leçons, ayant été en cela son propre Maître.
Il fut tout autre dans son Cours de Théologie, qu’il n’avait été dans celui de Philosophie : car au lieu qu’en celui-ci il s’était montré fort incrédule, & avait soumis toutes choses à un examen sévère, & aux discussions les plus subtiles de la dispute, il se soumit humblement aux dogmes Théologiques : pour ce qui est des raisons Péripatéticiennes qu’on employait pour les éclaircir & pour les prouver, il ne se crut pas obligé des les admettre sans les avoir examinées, & s’il ne les trouvait pas solides ,il les rejetait, & ne faisait aucun scrupule de préférer les secours de Platon à ceux d’Aristote.
Les preuves qu’il donna de son esprit & de sa capacité pendant tout le temps de ses études, engagèrent ses supérieurs à se hâter de la faire ordonner Prêtre, & à le charger d’enseigner lui-même les autres.
Il le fit avec un succès , qui détermina le Général de l’Ordre à l’appeler à Rome en 1636 pour y professer dans le Couvent de la Trinité du Mont.
Maignan s’y fit bientôt un nom par son habileté dans les inventions de mathématiques, & dans les expérience physiques, aussi bien que par son livre de Perspectiva Horaria qu’il publia en 1648.
Il demeura pendant 14 ans à Rome, après lesquels ses parents, qui souhaitaient extrêmement le revoir, obtinrent qu’il revînt dans sa patrie.
Il retourna à Toulouse en 1650 & la même année il fut élu Provincial, quoiqu’il souhaitât avec passion de n’être détourné de ses études par les fonctions d’aucune charge. Il vit avec plaisir finir ses trois années, & se rendit après cela tout entier à ses études chéries, qui furent cependant interrompues par une longue maladie, & par quelques voyages, qu’il fut obligé d’entreprendre pour les affaires de son Ordre. Un de ces voyages l’amena à Paris en 1657. Un de ces voyages l’amena à Paries en 1657 & il y fut admis aux conférences philosophiques, qui s’y tenaient chez M. de Mommor, Maître des Requêtes.
Le Roi Louis XIV ayant été en 1660 pendant son séjour à Toulouse, voir ses machines & ses curiosités, voulut l’attirer à Pairs ; & ke Cardinal Mazarin lui fit savoir par M. de Fieubet, Premier Président au Parlement de Toulouse, les intentions de ce Prince ; mais le P. Maignan témoigna si modestement, & si humblement l’inclination qu’il avait de passer toute sa vie dans l’obscurité du couvent, où il avait reçu l’habit de l’Ordre, que la chose en demeura-là.
Il eut ainsi la satisfaction d’éviter l’éclat qu’il n’aimait point, & de pouvoir travailler tranquillement à faire des livres, des expériences, & des leçons.
Sa réputation le faisait consulter de toutes parts, & les réponses qu’il avait à faire l’occupaient beaucoup.
Mais il suffisait à tout, parce qu’il composait avec une grande facilité.
Il mourut à Toulouse le 29 octobre 1676 âgé de 75 ans.
Catalogue de ses ouvrages :
Perspectiva Horaria, sive de Horographia Gnomonica, tum Theorica, tum Practica, libris IV. Romae 1648. in-fol. Cet Ouvrage imprimé aux dépens deu Cardinal Spada, Protecteur de l’Ordre des Minimes, fit beaucoup d’honneur au P. Maignan.
Cursus Philosophicus. Tolosae 1652. in-8°. 4 vol. It. Lugduni 1673. in-fol. Cette seconde édition est augmentée, non seulement dans le corps de l’Ouvrage, mais encore de quelques pièces particulières ; entre autres, d’une Critique des Tourbillons de Descartes, & d’un dissertation sur la Trompette parlante inventée par le Chevalier Morland.
Sacra Philosophia, sive Entis supernaturalis. Lugduni. In-fol. deux vol. Le premier en 1662 & le 2e en 1672. Les objections qu’on a faites contre le premier volume, & auxquelles il a été obligé de répondre, ont retardé la publication du second. Toutes ces réponses qu’il à publiées en particulier, & en différents temps, ont été ensuite imprimées ensemble par ses soins en 1762. Le premier Appendix est contre le P. Antoine la Louvère, jésuite du Collège de Toulouse, qui dans son Ouvrage de Cycloïde, imprimé dans cette ville en 1660. in-4° avait prétendu que le P. Maignan s’était trompé par rapport à la structure à la pesanteur des corps, l’accélération du mouvement, l’égalité des angles d’incidence & de réflexion, etc. Ce dernier prétend qu’il y avait du paralogisme dans les démonstrations du jésuite.
Le 2e est destiné à réfuter les répliques du P. La Louvère ; & il y fit entrer de bonnes observations sur la propagations successive de la lumière, la scintillation des Etoiles fixe & la Larme Batavique.
Le 3e est une réponse à une dissertation que M. Ducasse avait publiée contre la raison que la P. Maignan avait donnée, pourquoi la Larme Batavique se brise en mille pièces, lorsqu’on en a rompu le petit bout.
Le 4e est la réfutation d’un écrit du P. Jean Courboulez, jésuite du Collège de Toulouse, que le P. la Louvère avait chargé dans sa dernière maladie des intérêts de sa causes. Cet Appendix fut imprimé en 1667 à Bourdeaux (sic) où l’auteur était allé pour les affaires de son Ordre.
Le 5e est contre le P. Théophile Raynaud, jésuite & les Pères Vincent Baron, & Nicolas Arnu, tous deux jacobins, qui avaient attaqué son hypothèse sur les accidents eucharistiques. Car le P. Maignan prétendait qu’il n’y avait rien de si aisé, que d’expliquer la manière dont les accidents du pain & du vin subsistent dans l’Eucharistie, sans le pain & les vin ; en disant simplement, que le pain & le vin étant ôtés, Dieu continue à faire sur nos sens les mêmes impressions qu’ils faisaient avant leur changement.
Dissertatio Theologica de usu licito Pecuniae. Lugduni 1673 & 1675 in-12. Cette dissertation, qui semble autoriser l’usure a été censure par quelques évêques.
Philosophia Maignani Scholastica, sive in formam concinniorem & auctiorem Scholasticam digesta & coordinate. Complectens ex opinionibus veteris ac recentioris Philosophiae notabiliores disquisitiones, quae ad usum Scholae pro Juventute instituenda disderantur, distribute in tomos quatuor. Autore R. P. Joanne Saguens, ejusdem Ordinis Minimorum, & Urbis Tolosanae alumno. Tolosae 1703 in-4°. Quatre tomes fort minces, faisant en tout 1300 pages. Le P. Saguens ayant été le disciple du P. Maignan, a été plus propre qu’un autre, à mettre en ordre son système de philosophie.
V. De Vita, moribus, & scriptis R. P. Emanuelis Maignani, Tolosanis, Ordinis Minimorum, Elogium, à R. P. Saguens ejusdem Ordinis. Tolosae 1697. & à la tête de la philosophia Maignani du même Père. Il y a bien du verbiage & des minuties dans cet Eloge, où l’auteur fait le déclamateur. Bayle, Dictionnaire Historique.
In Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la République des lettres avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages / par le R. P. NICERON, Barnabite. Tome XXXI.
A Paris chez Briasson, Libraire, rue S. Jacques, à la Science. MDCCXXXV
Avec approbation et privilège du Roy.
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